Le premier président de la République du Cameroun indépendant : Ahmadou Ahidjo


Ahmadou Babatoura Ahidjo est né au sein d’une famille musulmane peule. Président de son pays de 1960 à 1982, il a réussi à pérenniser l’indépendance des Camerounais, tout en gardant des relations privilégiées avec la France.

L’enfance d’Ahidjo au sein des Peuls

Ahidjo est né à Nassarao, près de Garoua, qui était au temps du mandat français, un port important sur la rivière Benue, situé dans le nord du pays.


Son père était un chef de village, sa mère une descendante d’esclaves, tous deux appartenant au peuple des Peuls.

Il reçut une éducation religieuse, fréquenta l’école coranique et entra en 1932 à l’école primaire du gouvernement local. Après une première tentative, il obtint en 1939 son certificat d’étude. Ainsi il put intégrer le lycée de L’École Primaire Supérieure de Yaoundé. Son ambition première était de mener une carrière dans la fonction publique.

Ce fut chose faite en 1942 lorsque qu’il commença à travailler pour la Poste, en tant qu’opérateur radio. Grâce à sa fonction, il put voyager et découvrir toute la colonie ce qui aurait forgé sa vision d’une identité nationale camerounaise, sans distinctions ethniques.

Une vie politique réussie

Depuis onze ans d’une carrière politique brillante, Ahmadou Ahidjo devint le président de l’Assemblée législative du Cameroun de janvier à mai 1957. Puis il fut nommé vice-premier ministre dans le gouvernement du chef de l’État de facto André-Marie Mbida.

Lorsque l’indépendance du Cameroun fut établie, Ahidjo, alors dirigeant de l’Union Camerounaise, se fit élire président. Il parvint même à convaincre une partie du Cameroun britannique de se rallier à son pays.

Réélu à quatre reprises, en 1965, 1970, 1975 et 1980, son parti s’imposa peu à peu comme le parti dominant du pays, en 1976, les autres partis furent déclarés interdits.

Une révolte commença dans les années 60, menée par le groupe d’Union des peuples du Cameroun, dissout en 1970. La nouvelle constitution fut créée et appliquée dès 1972. Elle mit ainsi un terme à l’autonomie relative du Cameroun britannique. La République Unie du Cameroun devint en 1975, à l’issue d’un nouveau vote, la République du Cameroun.

Le pays se révéla être l’un des pays les plus stables d’Afrique grâce à la politique conservatrice du président Ahidjo. Même s’il fut dépeint comme un dirigeant moins charismatique que la plupart des dirigeants africains post-coloniaux, ses actions politiques ont grandement fait prospérer le Cameroun.

Une fin de vie politique imposée

Ahmadou Ahidjo décida en 1982 de confier sa présidence au premier ministre Paul Biya, invoquant des soucis de santé.

Le 19 juillet 1983, Ahidjo quitta le pays avant d’être accusé d’avoir participé à un complot pour renverser le nouveau pouvoir en place. L’ancien président mis en cause Biya dans des cas d’abus de pouvoir et l’accusa de mettre en péril l’unité du pays.

Condamné en 1984 à la peine de mort par contumace, il ne revint jamais au Cameroun. Réfugié à Dakar, au Sénégal, Ahidjo y mourut en 1989 d’une crise cardiaque.